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« En louant nos vaches, nous avons renfloué la trésorerie »

Solution. En 2015, Jean-Pierre a vendu vingt de ses femelles pour aussitôt les louer. Une façon de résoudre un problème de trésorerie et de ne plus avoir de factures en retard.

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Malheureusement courants dans les exploitations agricoles, les problèmes de trésorerie peuvent grandement en pénaliser le fonctionnement. Au Gaec de la Vallée du Cône, la situation n’était pas dramatique, mais les retards de paiement commençaient à agacer les fournisseurs. Lorsque le comptable a proposé de vendre une partie du cheptel pour immédiatement la louer et ainsi débloquer du capital, Jean-Pierre Courcoul a repensé à son voisin qui loue ses vaches depuis 1984 et chez qui cela fonctionne très bien. « Cette hypothèse permettait d’envisager de ne plus faire du court terme en tirant sur la trésorerie indéfiniment, détaille Jean-Pierre. De plus, les risques sont divisés, notamment pour la banque. » En à peine un mois, le dossier était monté. En avril 2015, Gestel a racheté vingt normandes à l’éleveur pour immédiatement les lui louer.

« Finalement, ce n’est qu’un jeu d’écriture comptable, résume Jean-Pierre. Aucun transfert d’animaux n’a eu lieu. » Le nombre d’animaux vendus a été calculé pour couvrir toutes les dettes et remettre les compteurs à zéro.

Un contrat qui laisse l’éleveur maître chez lui 

Les termes d’un contrat varient d’une société de location de vaches à l’autre. Avec Gestel, il concerne des prim’holsteins, des normandes, des simmentals, des montbéliardes ou des jersiaises. Le nombre d’animaux loués est compris entre quinze au minimum et la moitié du troupeau de l’exploitation au maximum. Le contrat est évolutif et le nombre de femelles en location peut varier en fonction des besoins de l’éleveur. À partir de la troisième année du bail, l’éleveur s’acquitte d’une redevance, le plus souvent sous la forme d’une génisse amouillante de la race pour dix femelles louées. Celle-ci peut être issue d’animaux en location ou en propriété. « L’affiliation doit pouvoir être déterminée par le centre d’insémination artificielle, précise Damien Joly, responsable secteur pour Gestel. Elle est choisie dans la moyenne du troupeau pour ne pas priver l’éleveur d’une de ses meilleures femelles. Le choix se fait en concertation avec lui. Chez Jean-Pierre, nous avons déjà sélectionné ensemble deux génisses qui partiront à l’automne pour être louées par un autre éleveur. »

Si Gestel a un droit de regard sur les animaux en location, pour Jean-Pierre, cela ne modifie en rien sa conduite d’élevage.

« Je fais les inséminations comme si je gardais ces génisses. Je ne fais pas de différence. Techniquement, ça n’a rien changé. Ce sont les mêmes vaches qui sont restées dans le troupeau. Nous continuons notre évolution comme avant. » Seules deux à trois vaches supplémentaires par an sont inséminées en semence sexée pour assurer le renouvellement et la redevance en nature.

Des avantages fiscaux

Au-delà de l’apport de trésorerie créé par la vente de ses vaches (près de 25 000 €), Jean-Pierre a la possibilité de bénéficier de déductions fiscales pour investissement (DFI) qui diminuent les cotisations MSA. « Même si je n’ai pas fait appel à la location pour ça, cette économie est substantielle, plusieurs centaines d’euros par vache, selon les exploitations, avoue Jean-Pierre. Il n’y a pas de limite de temps pour en faire la demande. Cela pourrait être intéressant si je devais changer de tranche d’imposition. Ça baisse la pression fiscale. » Par ailleurs, les frais de location (assurance, frais de fonctionnement et dotation pour provision de sortie de croît) intègrent les charges de l’exploitation et diminuent donc les taxes (MSA) et les impositions.

Après plus de deux ans d’expérience, Jean-Pierre a totalement intégré la location de vingt de ses femelles à son système d’exploitation. Délesté des problèmes de trésorerie, il envisage l’avenir plus sereinement. « Ça me permet d’être plus tranquille et d’avoir moins de stress. » Au point qu’une conversion en agriculture biologique devrait être entamée en fin d’année. Celle-ci devrait permettre de financer l’achat d’un robot de traite et un nouveau bâtiment en logettes.

Émilie Auvray

© Emilie Auvray - Jean-Pierre Courcoul loue depuis deux ans vingt vaches dont il était propriétaire auparavant. Les deux génisses normandes données annuellement à Gestel en guise de redevance sont sélectionnées dans son troupeau.Emilie Auvray

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